La maquette initiale
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Comme tout projet graphique, l'adhésion du commanditaire au projet est essentielle. La phase de maquette ne déroge donc pas de ce qui est pratiqué dans une activité de PAO standard. On y définit une simulation de ce qui sera une fois en production, à ceci près que la maquette doit commencer à tenir compte de futures contraintes de programmation et d'optimisation.
C'est en quoi la maquette d'un projet Web ne peut être conduite de la même manière qu'un projet document. Les différences fondamentales sont :
Projet papier
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Projet Web
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- Les dimensions de l'espace "imprimable" sont connues. Le choix en a été fait préalablement par rapport à des critères d'ordre économiques, conceptuels, communicationnels.
- Le design n'est plus correctible une fois la phase de montage terminée. La production des films constitue un point d'irréversibilité (du moins dans les limites d'un coût acceptable).
- La façon dont les éléments sont construits ou les effets sont obtenus n'ont aucune incidence sur la suite du cycle de vie.
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- Les dimensions de l'espace sont variables, virtuelles. Il appartient au projet de les fixer, parfois page par page, ou section par section.
- Les corrections peuvent intervenir jusqu'au dernier moment, y compris après la mise en exploitation de l'information.
- La façon dont les effets sont produits ou l'information est agencée a une très forte implication sur la performance et l'accessibilité à l'information.
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Grille d'analyse d'une maquette Web
Ce paragraphe n'a pas pour but d'apprendre à concevoir un site Internet. D'autres cours plus spécialisés sont plus à même de traiter exhaustivement le sujet. Cependant, j'y citerai un certain nombre de notions qui permettent de rationaliser la phase d'analyse.
Topologie
Pour commencer, fixons nous quelques définitions :
- Communication générale
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La communication générale est l'ensemble des informations qui circulent entre le lecteur et l'espace communiquant. La communication générale n'est pas la même en fonction du support. Dans une brochure commerciale, la communication est centrée sur la présentation et la mise en valeur des produits ou des offres. Elle est alors souvent mono-axe, ou du moins privilégie-t-elle un axe principal (ici, attirer l'oeil sur la remise = axe COMPETITIVITE, sur la puissance du produit = axe QUALITE, etc.).
Sur le Web, la communication peut être également mono-axe pour un site "présence", mais peut être également multi-axe ( présentation de l'offre immédiate = axe REACTIVITE, information sur les produits = axe EXHAUSTIVITE, accès aux archives = axe PERENNITE ).
- Topologie
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La topologie d'un site, c'est son organisation macroscopique, c'est-à-dire la façon dont les informations sont assemblées pour former une communication générale.
La topologie théorique ou idéale, dépend du volume d'information à traiter, des enjeux couverts par le site, des stratégies de publication et de la cohérence du plan de communication. La topologie effective (celle publiée) dépend quant à elle des moyens dont on dispose et des choix technologiques et méthodologiques qui influent sur la productivité.
Lorsqu'on parle de topologie, trois couches sont concernées.
- La topologie politique ou informationnelle.
C'est la couche la plus proche de l'utilisateur. C'est la seule qui ait un sens "métier" marquée, en ce sens que ses notions sont dépendantes du métier de l'utilisateur de l'information. Il n'est donc pas possible d'en effectuer une description générique. Chaque organisation, chaque communauté définit ses propres concepts d'information. Certaines pourront partager des concepts d'information avec d'autres (par exemple, un "contrat" est un concept d'information partagé par de nombreuses organisations, non nécessairement commerciales). Un concept généralement partagé sur Internet, par exemple est celui du "plan de site", ou celui de la "l'annuaire de contacts".
- La topologie logique ou organisationnelle.
Elle organise l'information pour l'utilisateur, sépare le site en sections, sépare les sections en écrans, sépare les écrans en zones, et parfois mélange le tout. La notion d'en-tête récurrente, de barre de navigation générique, de palette d'outil standard, de zone de contenu, de chapitres, "d'espaces", etc. sont des corollaires de la topologie organisationnelle.
Topologie informationnelle et design fonctionnel sont très liés.
- La topologie physique.
Elle éclate ou assemble l'information en ressources, gère des variantes, factorise des redondances, nomme des images, des sons, des textes, des répertoires, indexe des fichiers, des "granules" d'information, enregistre des métadonnées, et propose une stratégie de réassemblage.
Dans de nombreux cas, la topologie organisationnelle suit de près la topologie informationnelle. Par exemple, il n'est pas rare de constater qu'un site contenant plusieurs grandes sections distribue des fichiers dans des répertoires ou des sous-chemins de même nom, ou du moins construits selon une relation forte entre ces deux notions.
D'autres sites, basés sur des moteurs de publication (EZPublish, Typo3, Spip, etc...), ont au contraire dissocié gestion physique et assemblage virtuel.
Topologie informationnelle
Parler de topologie informationnelle, c'est s'intéresser directement à ce qui sera proposé à l'utilisateur, et de quelle manière cela lui sera proposé. On définit alors les grandes applications du site et comment la matière du commanditaire est découpée. Ces deux activités (fonctions et sections de matière) sont deux critères distincts et indépendants. Décider que le site présentera commercialement ces produits dans un catalogue navigable, et d'autre part, fournira une aire de téléchargement pour des ressources documentaires ou logicielles attachées àces produits est de l'ordre du premier travail. Séparer des produits d'une entreprise entre grandes familles de produit constitue un sectionnement de matière propre à la deuxième activité.
La topologie informationnelle ne peut être décidée sans une étroite collaboration avec le fournisseur des informations, que nous appellerons par la suite le commanditaire. C'est pas l'analyse de son métier, de ses interlocuteurs et de ses besoins que les choix d'organisation politiques de l'information sont faits. Il n'en résulte pas moins que certaines applications peuvent être génériques à un groupe de commanditaires. Ainsi, les commanditaires "commerciaux", c'est à dire les entreprises qui vendent des biens et des services ont en commun un "catalogue de produits". C'est ce que l'on remarque lorsqu'on observe les sites "préformatés" d'un grand nombre de PME-PMI (en effet ces entreprises n'ont aujourd'hui d'autre choix que de se tourner vers des sites "préconstruits" et disposant de plus ou moins - souvent moins - de flexibilité ). "L'espace membre" est un autre exemple d'application partagé par les portails de communauté, derrière lesquels peuvent être cachés des entreprises ou des organismes non lucratifs.
Topologie logique ou organisationnelle
La topologie logique est dans les mains du designer. Elle est le fruit d'une expérience en présentation (PAO), et d'une bonne capacité à connaître et sentir le public visé. Car les concepts qu'elle manipule sont essentiellement des concepts de placement et de signalisation, qui sont une partie de ce qu'on appelle dans un cadre plus général l'ergonomie. La topologie logique intervient donc à l'intérieur d'une application ou découpage "politique" et consiste à concevoir un assemblage d'informations ou de commandes qui permettent à l'utilisateur de manoeuvrer l'information. Cette topologie s'exprime par des outils informationnels que sont la signalétique, l'iconographie sémantique (à ne pas confondre avec l'iconographie illustrative), les outils de navigation, les panneaux de services ou d'outils, l'affichage de méta-données.
La conception d'une topologie logique aboutit à la conception d'écrans. Ce sont les premiers éléments visibles d'une maquette. Aucune dimension programmatique n'est prise en compte (en théorie seulement, car certains choix peuvent fortement influer sur la facilité de réalisation future), c'est-à-dire que l'affichage exprime ce qui devra être vu par l'utilisateur et la façon dont les diverses vues se commutent, s'agencent et se combinent, sans se préoccuper d'où les ressources sont extraites, de la mise en oeuvre nécessaire pour les mettre en forme, de l'architecture de stockage de l'information, de l'architecture logicielle nécessaire pour obtenir ce résultat.
Topologie physique
La topologie physique est la matière quotidienne du Webmaster et du réalisateur de pages. C'est en effet par l'organisation du contenu dans ses formes encodées que ce qui n'est qu'un objectif se concrétise et se transforme en contenu diffusable.
La façon et le degré dont les deux premiers objectifs sont atteints dépendent souvent des technologies choisies, de la conception des architectures de ressources et de la répartition de ces ressources dans des unités "fichiers".
Certaines plates-formes de "gestion du contenu" proposent au Webmaster de prendre en charge cette organisation physique sous-jacente (ou une partie de cette organisation), en imposant plus ou moins de contraintes sur l'étendue des libertés fonctionnelles.
Cette topologie ne doit être prise en compte au moment de la conception de la maquette que si :
- Les méthodes de production disponibles engendrent de fortes limitations (chaîne de production déjà en place, technologies intégrées non ré-ingénierables, ...)
- Les coûts induits par les exigences de la maquette dépassent les budgets prévus.
La topologie physique comprend :
- La structure du code source et les choix d'assemblage des éléments qui composent la page numérique.
- La façon dont cette structure et les éléments qu'elle nécessite sont répartis dans des fichiers physiques du système de fichiers.
Pour illustrer ces deux points clefs, voici deux exemples concrets illustrant deux choix opposés :
Exemple 1 : structures d'objets documentaires différentes :
Pour obtenir le rendu suivant :
extrait d'un site technologique, trois grandes stratégies sont possibles :
Stratégie 1 : Image monolithique, carte-image sur les liens
Stratégie 2 : Image découpée, ancres-liens sur les images
Stratégie 3 : Image de fond, tous les liens comme textes sur des calques superposés
Le dispositif de production ne sera pas du tout le même dans les trois cas, et les implications à la fois pour l'utilisateur final, mais aussi pour le designer seront différentes.
Pour un projet nouveau cependant, cette topologie physique sera un problème ultérieur. Le DIML présente ici une qualité intrinsèque intéressante : par la souplesse qu'il induit sur le modèle physique (indépendance entre la localisation des segments de code et leur exploitation), il introduit un découplage entre l'induction graphique (ce que le modèle graphique produira probablement comme ressources élémentaires et la façon dont il faudra les organiser) et l'induction rédactionnelle (l'organisation sémantique en rubriques, écrans, messages). Dans des projets simples, l'une et l'autre se confondent en un assemblage de quelques dizaines ou petitre centaine de fichiers. Dans des projets complexes de plusieurs milliers de fichiers de ressources, les deux organisation finissent vite par se contredire, ou au moins se gêner.
La topologie physique, si elle n'induit pas de contraintes fortes sur l'analyse d'une maquette, induit, ou du moins tire grand bénéfice du respect de quelques règles élémentaires de design.
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